De la boue, de la sueur et des chevaux

Comment un soldat néo-zélandais a survécu après la libération du Quesnoy

Ce sont les chevaux qui ont sauvé la vie de Mac Bethwaite le lendemain de la libération du Quesnoy.

« L’histoire raconte que ce jour-là, papa était en train d’abreuver les chevaux lorsque les Allemands ont tiré un obus sur eux, » se souvient Dave, le fils de Mac Bethwaite. « Malheureusement, cela a tué tous les chevaux mais heureusement pour papa, ils l’ont en quelque sorte protégé. »

Mac faisait partie de l’artillerie de campagne. En tant que membre de la 5e Batterie, 2e Brigade du Corps expéditionnaire néo-zélandais, il n’est pas entré dans la ville du Quesnoy le jour de sa libération, le 4 novembre 1918.

« Il a participé au processus de préparation avant l’attaque, » explique Dave.

Après la libération, Mac s’occupait des chevaux dans la Forêt de Mormal, située à quelques kilomètres du Quesnoy, lorsqu’il s’est retrouvé sous les tirs ennemis. « Il s’en est sorti avec une blessure à la jambe, » continue Dave. « C’est une histoire incroyable. Cela m’a aussi fait prendre conscience de ce que les soldats avaient traversé, des conditions incroyablement difficiles dans lesquelles ils vivaient. »

« J’ai vu des photos des artilleurs traînant leur arme dans la boue et je me dis que papa avait certainement connu tout ça. »

Cartographier les voyages de Mac

Dave et son épouse Glenys ont visité le Front occidental début 2024. Ils ont exploré de nombreux lieux où Mac avait servi, dont Ypres, Arras et Le Quesnoy.

Le temps était pluvieux et il a bien connu la boue au Front. « C’est tout simplement incroyable. La nature du sol… un véritable bourbier ! Et ces hommes se battaient là-dedans. Notre guide nous a emmenés sur différents sites et nous a expliqué les conditions dans lesquelles ces soldats combattaient : de la boue et une désolation totale. »

Lors de leur séjour au Quesnoy, Dave et Glenys ont visité le Musée Néo-Zélandais de la Libération – Te Arawhata, où Dave en a appris plus sur deux moments clés de l’expérience de son père pendant la guerre.

« Il y a une salle incroyable à Te Arawhata où l’on peut explorer l’histoire de sa famille. Deux panneaux d’exposition ont particulièrement retenu mon attention : l’un parlait de la bataille dans la Forêt de Mormal, où mon père a été blessé, et l’autre décrivait l’hôpital de Beaudignies où il a reçu les premiers soins. »

« L’histoire raconte que le 5 novembre, vingt Néo-Zélandais ont été tués dans la forêt. Mon père faisait donc partie des chanceux. C’était très émouvant. Il y avait l’histoire de papa juste là, dans cette salle. C’était bouleversant, vraiment. »

Dave explique que Mac n’était pas un grand épistolier. C’est grâce aux archives militaires, aux journaux d’autres soldats et à des expériences telles que la visite de Te Arawhata qu’il a pu reconstituer la vie de Mac pendant la guerre avec l’aide de sa famille.

L’héritage familial des Bethwaite à Nelson

La famille Bethwaite partage une longue histoire avec la ville de Nelson. Le père de Mac, Henry Bethwaite, était un maître bâtisseur et architecte qui a conçu et construit plusieurs édifices emblématiques de Nelson à la fin des années 1800 et au début des années 1900, tels que le Théâtre Royal, l’église St John, l’église All Saints et l’école épiscopale.

Il est décédé en 1921 à l’âge de 82 ans.

Mac est né le 27 septembre 1897.

« Nous pensons qu’il s’est engagé avant l’âge légal car ses dossiers militaires indiquent qu’il est né en 1896, » raconte Dave.

Dave est le plus jeune fils de Mac, issu de son second mariage, et a aujourd’hui 71 ans. Il a entendu de nombreuses anecdotes sur son père, très espiègle dans sa jeunesse.

« D’après ce que je sais, il aimait beaucoup faire l’imbécile, » continue-t-il.

Avant l’arrivée des toilettes à chasse d’eau, les maisons avaient des latrines extérieures et leur contenu était collecté dans des seaux par une personne avec un cheval et une charrette.

« Un jour, alors que la collecte se faisait dans la rue de mon père, un petit garnement – qui s’est avéré être lui – a détaché le cheval, laissant la charrette descendre la colline en roue libre, répandant son contenu partout. »

Mac, dont le matricule était 35237, est parti pour la guerre en janvier 1917 à bord du Waitemata, surnommé The Wobbler (« le chancelant ») car il « n’était pas particulièrement stable. »

Il est arrivé en France le 23 juin 1917 et a servi jusqu’à sa démobilisation après avoir été blessé en novembre 1918.

La famille de Dave lui a rapporté que Mac avait beaucoup changé après la guerre.

« Que ce soit à cause de la guerre ou de la Grande Dépression des années 30, les choses ont changé après cela. Il était très silencieux. Il n’était plus le même homme. »

Dave se souvient qu’enfant, il adorait reconstituer des batailles en imitant les bruits de tirs et d’explosions. « Je le faisais devant papa et il n’a jamais rien dit, il ne m’a jamais arrêté, pourtant ça a dû l’affecter. Mais je n’étais qu’un enfant. »

Mac a par la suite exercé de nombreux métiers : conducteur d’ambulance, ouvrier sur le chantier de la route du Takaka Hill et veilleur de nuit au port.

Il a rencontré la mère de Dave, Geraldine Winifred (surnommée Winnie), alors qu’il conduisait des ambulances et qu’elle était infirmière à l’hôpital de Nelson. Winnie est malheureusement décédée lorsque Dave avait neuf ans. Mac, lui, est mort en 1967 à l’âge de 69 ans.

« L’un de mes souvenirs les plus marquants avec lui, c’est quand je l’aidais à fixer la couronne sur son badge de la RSA (Returned and Services Association, association des anciens combattants – NDLT), » se souvient Dave avec tendresse. « À l’époque, les membres de la RSA avaient un badge avec une petite couronne qu’il fallait clipser. Chaque année, la couronne était d’une couleur différente. La RSA les envoyait lorsque les membres réglaient leur cotisation annuelle. J’aidais papa à fixer la couronne sur son badge. Ça m’est resté en mémoire. »

La puissance de Te Arawhata

Lors de leur séjour au Quesnoy, les Bethwaite ont rencontré Brendan et Jo Lindsay, qui, avec feu Richard Izard, ont fondé le Musée Néo-Zélandais de la Libération – Te Arawhata.

« Je n’ai jamais visité un musée comme celui-ci, » explique Dave. « C’est un véritable hommage aux partenaires, aux donateurs et aux membres du public qui ont contribué à faire de ce musée une réalité. »

« Il est tellement différent des autres musées, qui sont remplis d’objets. Te Arawhata, avec l’expérience créée par Wētā Workshop, raconte une histoire magnifique. Ça la rend tellement vivante. »

Pour la famille Bethwaite, le tableau d’honneur installé dans le musée, faisant défiler le nom de tous les soldats néo-zélandais ayant participé à la Première Guerre mondiale, met en lumière l’ampleur et l’impact du conflit.

« On s’est dit qu’on allait attendre que le nom de papa apparaisse. On a attendu, attendu, et rien ne venait. Je suis allé à la réception et la dame m’a dit que la liste durait plus de huit heures. Il y a plus de 100 000 noms et je trouve ça bouleversant. Venant d’un petit pays comme la Nouvelle-Zélande, voir autant de noms est tout simplement inimaginable. »

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