Retracer la connexion de la famille Tapsell au Front de l’Ouest, et au-delà
Eremia Tapsell a un whakapapa (arbre généalogique) riche et coloré, qui commence par un homme danois nommé Hans Falk.
“Hans, né à Copenhague en 1777, était un marin et voulait rejoindre la Marine Britannique,” dit Eremia.
“Mais avec un nom comme Falk, et dû au fait que le Danemark et l’Angleterre étaient en guerre, cela n’a pas été possible. Il a donc changé son nom en Phillip Tapsell pour qu’on lui permette de travailler sur les navires britanniques.”
Phillip, connu désormais sous ce nom, navigua à bord d’un navire baleinier jusqu’au sud du Pacifique et s’est finalement installé en Nouvelle-Zélande, dans la colonie côtière de Maketū, sur la Baie de l’Abondance.
“La vie de Phillip était une histoire de hauts et de bas rocambolesques, et la large famille Tapsell de Nouvelle-Zélande qui existe aujourd’hui retrace leurs racines Pākeha (non-maori) jusqu’à lui,” dit Eremia des Tapsell, qui incluent l’arrière-petit-fils de Phillip, feu Sir Peter Tapsell, un député reconnu et ancien Speaker of the House.
Phillip est connu pour avoir fait le premier mariage chrétien en Nouvelle-Zélande, en plus d’être le premier entre une Maorie et un Pākeha, quand il épouse Maria Ringa de Ngāpuhi en 1823.

“La légende raconte, dit Eremia, qu’il a duré moins de 24 heures, sa jeune épouse Maorie ayant fui durant la nuit, pour ne jamais revoir Phillip.”
Eremia se remémore ces histoires au cours d’un voyage sur le Front de l’Ouest, où d’autres membres de sa grande famille ont combattu durant la Première Guerre mondiale.
Remembering whānau on the Western Front
Le frère de l’arrière-grand-père d’Eremia, Robert Tapsell, est mort durant la Bataille de Somme et a été enterré dans un cimetière de guerre du Commonwealth près de Flers, en France.
“Voir votre nom de famille sur une pierre tombale là-bas, tout en sachant qu’il avait seulement 27 ans, un garçon maori si loin de sa maison à Maketū, c’est vraiment dur à réaliser.”
Eremia, avec sa compagne Sofie, qui joue dans une équipe professionnelle de rugby à Lille, ainsi que son père allemand Ludwig, ont aussi visité la ville française du Quesnoy où le cousin germain de son grand-père, Winiata Tapsell, a joué un rôle clé et audacieux dans la libération de la ville.

Winiata était un membre du Bataillon Pionnier Maori, qui a été impliqué dans l’encerclement, puis la capture du Quesnoy le 4 novembre 1918.
L’histoire veut que les Allemands aient fait exploser un pont près de la Porte de Valenciennes. Winiata, dont le régiment était chargé d’effectuer des mouvements doux plutôt que agressifs, s’est trouvé en dehors de la position avant de franchir bravement la douve, en utilisant une planche en bois, pour devenir le premier Néo-Zélandais à être rentré dans les murs de la ville.
Tapsell n’a jamais reçu de décoration pour ses actions, et a été à la place puni pour avoir quitté son poste.
“Je ne pense pas qu’il l’ait fait dangereusement. Il a évidemment vu une opportunité pour faire sa part et être reconnu.”

“Mais au plus j’en entend sur cette période, surtout sur la dynamique entre l’armée britannique et les troupes Néo-Zélandaises et coloniales, plus je commence à réaliser que ses actions n’auraient pas été mises en valeur à cette époque.”
“C’est triste qu’il n’ait pas eu de reconnaissance pour ça, et encore, au plus j’en ai appris sur cette période, au plus j’en pense qu’il y avait un aspect surement raciste à cela”
Même si Robert était l’oncle de Winiata, ils avaient à peu près le même âge.
“Quand je suis allé voir la tombe de Robert, il y avait de la pluie, du vent et il faisait froid. Il n’y avait pas de carte de l’intérieur du cimetière, donc nous nous sommes séparés et chacun d’entre nous a exploré une section, et jeté un œil à chacune de pierres, jusqu’à la trouver.”
“Être là-bas vous montre un peu ce qu’était le fait de se tenir dans une tranchée, il y a plus de 100 ans,” dit Eremia.
Maketū sera toujours chez lui
Le père d’Eremia, Warwick, est décédé en 2016. Il a beaucoup partagé sur l’histoire de sa famille et la mère d’Eremia, Annette, a également beaucoup de connaissances sur la whānau (famille) étendue.
“Il y a un grand souhait pour notre famille de garder en vie la mémoire de nos tupuna (ancêtres).”
“Quelques membres de la whānau Tapsell sont allés à Copenhague afin de contempler les rues dans lesquelles Phillip Tapsell a grandi, ainsi que l’église dans laquelle il a été baptisé, pour garder ces souvenirs en vie,” dit-il.
Mais son Maketū reste dans le cœur de la famille Tapsell. Eremia, qui vit en ce moment à Dubaï, se dirige vers la petite colonie à chaque fois qu’il retourne en Nouvelle-Zélande.

“Mon frère a repris la ferme familiale. Ce n’est plus une laiterie, mais il y a des plantations de kiwis et un peu de viande. J’aime y retourner et mon père est enterré dans l’urupā (cimetière maori) de Maketū, le même où Winiata est enterré.”
Cela amène les histoires de son arrière-grand-père, Kiri Rotohiko Tapsell, et de son arrière-arrière-grand-père, Reti Reti (Retreat) Tapsell (le fils de Phillip).
“Kiri a marié Pirihima Mokopāpaki de l’iwi (tribu) de Tauranga, Ngāti Pūkenga, et la terre sur laquelle se tient notre ferme vient de ce mariage.”
Il se rappelle aussi l’histoire derrière le prénom de Retreat : “En 1836, je crois, le bureau d’échange de Phillip Tapsell a été envahi et pillé par le parti de guerre Ngāti Hauā (de Matamata), ce qui a forcé la famille à battre en retraite. Au début, ils ont déménagé en bas de la rue, à Matatā, puis sur l’île Mokoia au milieu du lac Rotorua. Retreat est né sur l’île Mokoia et a été nommé d’après cette “retraite” de Maketū.
Visiter Le Quesnoy
Il y avait beaucoup d’engouement quand Eremia s’est présenté à la réceptionniste de Te Arawhata, quand il a utilisé son nom de famille très reconnu.

“Elle a souri, ‘Voyez si vous reconnaissez certains membres de votre famille’. Puis, comme ça, deux secondes dans le musée, c’est lui. L’adorable réceptionniste est venue en courant, ‘Oh c’est Winiata, c’est le membre de votre famille.”
Il a été choqué par l’expérience immersive racontée par Te Arawhata et comment sont révélées les histoires personnelles de ceux qui ont participé à la libération et à la Première Guerre mondiale.
“C’est une expérience incroyablement émouvante car elle est si immersive, elle vous met dans leurs peaux, à leur époque.”
Pour Sofie, qui est de descendance chinoise et allemande, le musée était à la fois émouvant et informatif. Son père allemand a trouvé le musée fascinant.
“Son avis est : ‘Merci [les Kiwis] pour être venus et avoir battu les mauvais Allemands’. Parce que pour beaucoup d’allemands, c’est un sujet difficile. Mais je pense que c’est important pour les Allemands de venir dans un lieu tel que Te Arawhata, car mener une réflexion sur cette partie de notre histoire est quelque chose que nous devons faire.”
Eremia : “Quelque chose que j’ai trouvé incroyablement intéressant, et que le musée souligne si bien, c’est comment beaucoup de soldats à Le Quesnoy sont passés par toutes les grandes batailles.
“Ils ont commencé leur entraînements en Egypte, puis sont allés jusqu’en Turquie, et puis ont combattu dans des batailles telles que celle de la Somme. Beaucoup n’ont tristement pas survécu, comme Robert, mais vous oubliez que beaucoup de ces soldats ayant libéré Le Quesnoy ont vécu les 4 années de guerre. Ils finissaient une bataille, avaient quelques jours de repos, et étaient envoyés pour la prochaine. C’est vraiment difficile à concevoir.”